L'épithélium stratifié pavimenteux kératinisé de type A ou épais

Un épithélium stratifié pavimenteux  kératinisé ou épiderme est constitué de quatre types cellulaires : les kératinocytes, les mélanocytes, les cellules de Merkel et les cellules de Langerhans. Ces dernières sont présentées en histologie spéciale.
Les kératinocytes représentent le type cellulaire principal du tissu et suivent un programme de différenciation depuis la base de l'épiderme jusqu'à sa couche superficielle. Ce processus de différenciation modifie la morphologie des kératinocytes et produit quatre couches cellulaires : les couches basale, épineuse, granuleuse et cornée.
Lorsque la couche cornée e st épaisse, l'épithélium stratifié pavimenteux  kératinisé est dit de type A : on le rencontre au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds.

Organisation générale de la peau face palmaire

Su r une coupe d e peau face palmaire, s'observent les trois tissus cutanés superposés . Le tissu en surface est l'épithélium de revêtement stratifié pavimenteux   kératinisé de type A ou épiderme; il repose sur un tissu conjonctif appelé derme qui lui-même repose sur un tissu adipeux appelé hypoderme.
Epithélium de revêtement stratifié pavimenteux kératinisé de type A
- Généralités
- Couche basale
- Couche épineuse
- Couche granuleuse
- Couche cornée
Généralités

L'épithélium stratifié pavimenteux  kératinisé de type A montre une couche superficielle épaisse, la couche cornée, constituée de cellules kératinisées mortes.

Les dermatoglyphes sont des tassements verticaux des kératinocytes qui, en dessinant en surface de l'épiderme des crêtes et des sillons, sont responsables des empreintes digitales.
Par ailleurs, le trajet intraépithélial hélicoïdal du canal sudorifère (canal excréteur de la glande sudoripare) est visible.

La jonction entre l'épiderme et le derme n'est pas linéaire : l'épiderme est un plateau dont la face profonde est déprimée par des projections du tissu conjonctif : les papilles dermiques. Les papilles renforcent l'adhérence de l'épiderme au derme et favorisent la nutrition de l'épithélium.
Couche basale
Kératinocytes et jonction épidermo-dermique
Cellules claires
Kératinocytes et jonction épidermo-dermique
La couche basale est formée d'une assise de kératinocytes de forme cubique ou cylindrique et épouse le relief du tissu conjonctif sous-jacent auquel les cellules sont ancrées par l'intermédiaire d'une lame basale. La face basale de ces kératinocytes est irrégulière : des "radicelles" ou "pédicelles" les ancrent à la lame basale. Les mitoses des cellules souches présentes dans la couche basale assurent le maintien et le renouvellement de l'épiderme.
La MET montre que les radicelles s'attachent à la lame basale par de nombreux hémidesmosomes.
Ces kératinocytes basaux émettent des projections cytoplasmiques qui traversent l'espace intercellulaire et s'attachent à celles des cellules voisines grâce à des desmosomes.
Cet agrandissement détaille la lame basale séparant l'épiderme du derme : la jonction épidermo-dermique. Au contact du kératinocyte, se trouve une zone claire aux électrons, la lamina lucida, suivie d'une zone dense aux électrons, la lamina densa, elle-même bordée d'un réseau fibrillaire, la lamina subbasale. La caractéristique de cette lame basale est la présence de jonctions d'ancrage spécialisées, les hémidesmosomes. Ceux-ci solidarisent les filaments intermédiaires de kératine à la matrice extracellulaire via des protéines d'attache intracytoplasmiques, constituant une plaque d'attache cytoplasmique dense bien visible, et des protéines transmembranaires. Face à cette plaque, la lamina lucida est traversée par des filaments d'ancrage interrompus par la plaque dense sous-basale. S'enracinant dans la lamina densa, des fibrilles d'ancrage s'étendent dans le derme.
Cellules claires
En MO, l'alignement en palissade des kératinocytes basaux est régulièrement interrompu par la présence de cellules claires. Ce sont soit des cellules de Merkel, impliquées dans la sensibilité tactile, soit des mélanocytes, synthétisant la mélanine qu'ils transfèrent par cytocrinie aux  kératinocytes afin de les protéger des effets mutagènes des rayons ultraviolets.
La réalisation d'une coloration de Fontana (réaction argentaffine qui met en évidence la mélanine grâce à ses propriétés argento-réductrices) permet de montrer les prolongements dendritiques des mélanocytes qui s'insinuent entre les kératinocytes des couches basale et épineuse.

Autres images de mélanocytes

Couche épineuse
Dans la couche épineuse qui recouvre la couche basale, les kératinocytes sont des cellules polyédriques de grande taille. Leur noyau arrondi, clair avec nucléole bien visible indique qu'elles synthétisent activement des protéines. Ces cellules apparaissent unies en MO par des lignes appelées ponts d'union et présentant un renflement médian, le nodule de Bizzozero.
Sur une coupe colorée par la technique de Unna, les ponts d'union unissant les cellules sont mieux mis en évidence. La MET a permis de comprendre à quoi correspondait ces structures. Les cellules épineuses sont hérissées de prolongements cytoplasmiques, les "épines", s'engrenant dans ceux des cellules voisines et solidarisés par des desmosomes.
En MET, le cytoplasme des cellules épineuses est particulièrement dense aux électrons vu sa grande teneur en filaments intermédiaires de kératine. Ces filaments s'ancrent au niveau des desmosomes qui solidarisent les prolongements cytoplasmiques ou épines de kératinocytes voisins. Par contraste, leurs noyaux apparaissent clairs.
Cet agrandissement au niveau de la zone intercellulaire montre en CL comment les épines de kératinocytes voisins s'engrènent les unes dans les autres. Ces épines sont solidarisées par des desmosomes qui correspondent aux nodules de Bizzozero.
Augmenter le grossissement permet de mieux voir l'attachement des filaments intermédiaires de kératine au niveau des plaques cytoplasmiques des desmosomes.
Sur cette image, de nombreuses épines d'au moins deux kératinocytes voisins sont coupées transversalement. Elles apparaissent comme des sections polyédriques unies par des desmosomes.
Cet agrandissement montre l'élargissement de l'espace intercellulaire à hauteur d'un desmosome. A l'intérieur des épines, les filaments intermédiaires de kératine sont coupés transversalement.
Aspect pentalaminaire du desmosome : les deux plaques denses cytoplasmiques épaisses, les deux feuillets membranaires externes et une ligne dense médiane.
Des "gap junctions" ou jonctions de communication s'établissent entre les épines de kératinocytes voisins. Le rétrécissement de l'espace intercellulaire au niveau des jonctions de communication permet de les identifier.
Observation par cryofracture d'une gap junction. Les gap junctions s'identifient aux agrégats de particules intramembranaires homogènes associées exclusivement à la face de fracture cytoplasmique (feuillet P) de la membrane plasmique. Chaque particule intramembranaire correspond à un connexon.
Couche granuleuse
En MO, les kératinocytes de la couche granuleuse sont caractérisés par l'apparition dans leur cytoplasme de nombreux grains intensément basophiles, les grains de kératohyaline. Ces grains contiennent notamment la profilagrine, un précurseur d'une protéine qui va intervenir dans le processus de kératinisation épidermique.
Les cellules granuleuses s'aplatissent progressivement et la chromatine de leur noyau se condense : le noyau entre en pycnose et puis disparaît complètement quand le kératinocyte entre dans la couche cornée.
Couche cornée

Les kératinocytes de la couche cornée sont des cellules entièrement kératinisées, mortes, anucléées mais fonctionnellement indispensables à la protection des cellules sous-jacentes par la production d'une véritable barrière en surface de l'épiderme.